L’UCL joue la carte du chêne wallon à Louvain-la-Neuve

L’UCL joue la carte du chêne wallon à Louvain-la-Neuve

Fin juin, l’UCL a inauguré sa place des Sciences, entièrement rénovée. Le bois exotique y a fait place à du bois belge issu de forêts gérées durablement et certifié PEFC. Une première qui pourrait faire école.

Après 40 ans de bons et loyaux services, la place des Sciences sur le site de l’UCL à Louvain-la-Neuve nécessitait une rénovation importante tant au niveau du béton structurel que de l’azobé qui la couvrait. Diverses options avaient été envisagées pour remplacer le revêtement de la place, mais c’est finalement le bois et plus particulièrement le chêne belge qui a été retenu, explique Carole Deferière, ingénieur architecte en charge du projet. Nous avons en effet opté pour un nouveau revêtement en bois afin de garder l’esprit de la place et son caractère visuel unique.

Du chêne en revêtement de sol extérieur?

L’UCL a fait appel à deux experts bois afin de proposer une solution durable pour la place. Si le chêne n’est pas une essence à laquelle on pense habituellement pour une terrasse, il convient de savoir qu’elle est parfaitement adaptée à ce type d’utilisation pour peu que certaines précautions soient prises à la mise en oeuvre.

Terrasse sur caillebotis

Le chêne est un bois moyennement durable (durabilité 2-3 sur une échelle de 1 à 5, 1 étant la meilleure durabilité). Il ne conviendrait donc pas pour un emploi direct en contact avec le sol, sans traitement ou autre précaution. Toutefois, les experts ont eu l’ingénieuse idée d’utiliser un caillebotis métallique comme structure portante du plancher en bois. De la sorte, la mise en oeuvre minimise le contact entre les bois et le support et permet une parfaite ventilation sous le platelage. Le bois n’est dès lors pas en contact avec l’eau stagnante. La classe d’emploi est ici une classe 3 (équivalente à celle d’un châssis ou d’un bardage) et non 4 (classe correspondant à des bois en contact direct avec le sol).

Détails de mise en oeuvre

La place couvre en fait un parking, explique Olivier Mareschal, administrateur-délégué de la société De Graeve. Sur la dalle du parking, des longrines en béton servent de support au plancher. Le plancher est constitué d’une structure portante en caillebotis galvanisés, dimensionnés pour une charge de 750 kg/m2. Sur cette structure, les madriers en chêne sont fixés par le dessous à l’aide de tirefonds inox (6 pièces par madrier) et de cavaliers.
Au départ, l’entrepreneur craignait des difficultés d’alignement, tant en plan (alignements des bois) qu’en niveau (inégalités du support). En définitive, les alignements furent parfaitement respectés et les petites imprécisions proviennent plus des tolérances sur les sections de bois que de la mise en oeuvre. Les variations dimensionnelles en section de plusieurs millimètres sur la largeur des madriers proviennent du fait que le chantier a du être arrêté durant l’hiver et que, durant cette période, le bois sortant du séchoir a passé quelques mois d’un hiver très humide sur chantier avant d’être mis en oeuvre, poursuit-il. La réussite du chantier tient principalement dans sa bonne préparation. Chaque madrier, caillebotis ou pièce de support métallique a été dessinée en AutoCAD, de sorte qu’aucune adaptation n’a du être réalisée sur chantier.

Séchage du bois

Pour ce lieu de passage fort fréquenté et destiné à accueillir régulièrement des événements (montage/démontage fréquent de podiums), les maîtres d’ouvrage ont souhaité conserver un aspect massif. Pour cela, ils ont travaillé dans des sections de bois peu conventionnelles de 63 x 210 mm (et 2400 mm de long). Un défi de taille pour la scierie chargée de la découpe, du séchage et du rabotage du bois. Nous avons respecté le cahier des charges strict et livré les quelques 40 m³: de bois, soit 700 m2 (tout à plat), dans un délai de deux mois, explique Martial Camps, de la scierie Vica-Bois. Idéalement, deux ou trois mois supplémentaires auraient été indiqués pour limiter le travail du bois mais les impératifs de planning des maîtres d’ouvrage ne permettaient pas tant de latitude. Cependant, les bois étaient en production depuis plus d’un an ! Ils ont du être ressuyés (séchés librement à l’air) 8 mois avant d’entrer en séchoir (plus de 4 mois) pour pouvoir être livrés à environ 25% d’humidité. De ce fait, on les amenait le plus proche possible de leur taux d’humidité d’équilibre sans toutefois les sécher plus ce qui aurait nécessairement engendré des déformations et de multiples fentes dans les lames. Une fois posés, ils finissent à présent de sécher lentement et s’équilibreront avec les aléas de la météo !

Valorisation du feuillu belge

Lors de l’inauguration de la place des Sciences, Emmanuel Defays, directeur général de l’Office Économique Wallon du Bois, s’est dit particulièrement satisfait du choix du chêne. Tout d’abord d’un point de vue symbolique, par la place conférée au matériau bois au cœur de la cité estudiantine, mais aussi d’un point de vue technique, par la valorisation du bois feuillu belge en terrasse, un créneau encore fort sous-exploité par les architectes. Ce mode de mise en œuvre sur caillebotis est prometteur, d’autant que les fixations restent invisibles et que les maîtres d’ouvrage peuvent bénéficier des avantages de la préfabrication.

Plus d’infos

Hugues FRERE,

www.houtinfobois.be

Code postal : 1348
Bardage : /
Localité : Louvain-la-Neuve
Bois labellisé : PEFC
Fonction : Multifonctionnel
Plancher : Chêne
Type de construction : Rénovation
Parquet : /
Situation : /
Escalier : Chêne
Structure : Chêne
Menuiserie intérieure : /
Menuiserie extérieure : /
Autre : /

Université catholique de Louvain
Carole UCL - Deferière | 1348 Louvain-la-Neuve