L’utilisation du bois comme matériau de construction est davantage intéressante lorsque le bois est issu de forêts gérées durablement. La gestion forestière durable constitue un concept récurrent. C’est pourquoi il est important de bien savoir ce qu’elle implique.
La sylviculture est unique vis-à-vis d’autres métiers ou activités économiques par le fait qu’elle soit pensée et travaillée à long terme. Un chêne planté de nos jours dans nos contrées par un sylviculteur ou un propriétaire forestier ne sera finalement récolté qu’après plusieurs générations humaines. Des sylviculteurs au dix-huitième siècle se rendaient compte du risque de surexploitation et aspiraient déjà, à l’époque, grâce à leurs réflexions à long terme, à un état de « rendement durable ». On ne pouvait, en d’autres termes, récolter annuellement plus de bois que ce que la nature peut produire. Les sylviculteurs vivaient ainsi de leurs rentes : l’accroissement annuel, ou la rente, était récolté sans que l’on touche au capital forestier. De cette façon, les forêts étaient préservées. Jusqu’à nos jours, ce principe constitue la base des pratiques modernes de gestion forestière durable.
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Lorsqu’une forêt est considérée comme un écosystème et la production de bois comme un service écosystémique, il est clair que cette vision devait être élargie. Il y a, outre la surexploitation, d’autres facteurs importants pouvant mettre la production de bois en danger, tels que la densification ou l’acidification du sol, ou l’appauvrissement génétique, etc. En prenant en compte de ces facteurs complémentaires, nous avons évolué, dans un premier temps, vers un système de production durable, ce qui suppose le maintien de la productivité écosystémique dans sa totalité.
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Mais cette première évolution restait insuffisante. À mesure que les connaissances des services écosystémiques augmentaient, il devenait clair que la durabilité ne portait pas que sur la production durable. Ainsi la fonction récréative et la conservation de la nature constituent de nos jours également des objectifs importants d’une forêt. C’est ainsi que nous sommes enfin parvenus à la définition de gestion forestière durable, comme étant la gestion forestière répondant aux besoins actuels de produits et services forestiers et garantissant en même temps leur future disponibilité. On pourrait également dire qu’on recherche une situation idéale dans laquelle les trois dimensions de durabilité se combinent, à savoir l’aspect écologique (planète), l’aspect social (population) ainsi que l’aspect économique (profit).
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Cette vision a été traduite en 7 principes de gestion forestière durable (Holvoet & Muys 2004) :
1. Conservation forestière | La superficie forestière doit être conservée. |
2. Biodiversité | La biodiversité et les processus écologiques doivent être conservés et, le cas échéant, rétablis. |
3. Vitalité forestière | La vitalité forestière doit être maintenue et, le cas échéant, rétablie. |
4. Fonction de production | La fonction de production doit être préservée au moyen d’une gestion forestière responsable, une récolte prudente et une garantie de rajeunissement. |
5. Fonction environnementale | La fonction environnementale et protectrice de la forêt doit être préservée et, le cas échéant, améliorée. |
6. Fonction socio-économique | La gestion forestière doit être économiquement saine et doit contribuer à la prospérité. La gestion forestière doit également contribuer au bien-être des concernés, y compris la population locale. |
7. Gouvernance | La gestion forestière doit être soutenue par une législation et une réglementation satisfaisante, une planification ainsi qu’une capacité institutionnelle. |
Ces 7 principes de gestion forestière durable sont internationalement reconnus et constituent les objectifs vers lesquels la gestion forestière doit évoluer. Le défi de la gestion forestière moderne consiste à combiner les différents services écosystémiques d’une forêt et à maximiser leur somme, en tenant compte des facteurs externes tels que l’aptitude forestière et la gestion du gibier. Les objectifs peuvent varier de forêt en forêt. À proximité des villes, le rôle récréatif de la forêt sera probablement prépondérant, et l’accent sera mis en moindre mesure sur la biodiversité et la production de bois. Dans les territoires VEN ou Natura 2000, la biodiversité sera mise en avant. Il y a par ailleurs de nombreuses forêts avec une grande importance économique. Il est vrai qu’une parcelle de forêt subsistera plus longtemps (tant qu’elle rapporte plus au propriétaire) que si elle est valorisée pour une finalité différente (terrain agricole, terrain résidentiel, zoning industriel, …). Les revenus issus des forêts sont investis de sorte que les futures générations puissent continuer à profiter des services que fournissent les forêts à la société. Il faut insister sur le fait qu’un service écosystémique n’exclut pas automatiquement d’autres services écosystémiques, tel qu’il est indiqué sous l’onglet Les services de la forêt. Des synergies sont souvent possibles entre la fonction sociale, économique et écologique grâce à quoi la somme des services écosystémiques est maximale dans une forêt plurifonctionnelle.