Les espèces de bois moins courantes (Lesser known timber species)

Il y a plus de 58.000 essences connues dans le monde. À peine une soixantaine d’entre elles est commercialisée en Belgique dont la plupart de ces essences est d’origine non-européenne. L’offre d’essences indigènes en Europe est limitée. Le choix sera certainement très restreint si vous êtes à la recherche d’une essence destinée à une utilisation extérieure dont le duramen est suffisamment durable. Plus spécifiquement, il s’agit du robinier, du chêne européen, du châtaignier et dans certains cas de certains résineux tels que le Douglas et le mélèze. Les forêts tropicales en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie/Indonésie disposent par contre d’une multitude d’essences qui sont suffisamment durables pour une utilisation extérieure. C’est notamment la raison pour laquelle une grande quantité de ces bois tropicaux est importée en Belgique. Afin de prévenir la surexploitation des essences tropicales connues, il est important d’utiliser à leur plein potentiel les essences tropicales moins connues qui se trouvent dans les mêmes forêts. Il s’agit d’espèces moins courantes mais qui ont de bonnes propriétés mécaniques et qui peuvent être utilisées tant en intérieur qu’en extérieur. En ce moment, ces essences moins connues ou ‘ Lesser known timber species ’ (LKTS) sont souvent abattues et commercialisées localement ou utilisées comme combustible…

Afin de nous assurer d’une future disponibilité suffisante d’essences tropicales populaires telles que l’afzelia, l’afrormosia, l’acajou, l’ipé, etc. et de protéger ces essences de la surexploitation, il serait intéressant d’utiliser ces essences moins connues selon leurs performances. Pour faciliter cela, des recherches scientifiques sur les caractéristiques de ces essences moins connues sont indispensables. Heureusement, il existe toutefois quelques groupes de recherches au monde qui y travaillent et de plus en plus d’essences sont caractérisées. La découverte des caractéristiques de ces essences est importante pour en déterminer les potentialités et usages. Le duramen est-il suffisamment durable pour une utilisation extérieure ? La stabilité dimensionnelle suffit-elle pour une valorisation en menuiserie, comme parquet ou lame de terrasse ? Le duramen et l’aubier de l’essence sont-ils imprégnables ? etc.

On n’aime que ce qu’on connaît !

Nous ne sommes naturellement pas plus avancés lorsque les caractéristiques techniques sont suffisamment décrites mais que l’essence reste inconnue sur le marché. Il faudra non seulement faire connaître ces essences auprès des menuisiers locaux, transformateurs de bois et consommateurs finaux mais également gérer les autres problèmes logistiques dans la chaîne d’approvisionnement. Il peut par exemple s’agir des difficultés à reconnaître et à identifier les nouvelles essences, le risque que le classement sur base de la résistance mécanique soit insuffisant ou méconnu dans le pays d’origine, etc. En optant pour des essences moins connues, nous soutenons la gestion forestière durable des forêts tropicales. Ce choix peut aussi être dans certains cas financièrement plus intéressant mais le prix dépendra également de la disponibilité, de la qualité, des dimensions, du séchage, …. Il est certainement conseillé de choisir une essence dont les caractéristiques sont bien connues afin de s’assurer que l’essence est appropriée à l’application envisagée.

Le WWF a publié une liste exhaustive d’essences moins connues en 2013. La publication s’intitule ‘A guide to lesser known tropical timber species’ et peut être téléchargée du site du WWF ici.

Réflexions à cette publication : toutes essences énumérées ne sont pas commercialement disponibles sur le marché belge. L’objectif n’est certainement pas non plus d’encourager la substitution des essences européennes par des essences tropicales, ce qui est souvent suggéré dans cette publication. Quant à la conservation et la gestion forestière durable, il est plus favorable d’utiliser des essences européennes, tant que celles-ci sont appropriées pour l’application envisagée.

CITES

Outre la promotion de l’utilisation d’essences moins connues, il existe une initiative internationale très importante visant à maintenir la conservation d’espèces végétales et animales : CITES.

L’abréviation est l’acronyme de ‘ The Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora ’. C’est une convention internationale dont l’objectif est de réduire le commerce d’animaux et de plantes menacés pour ainsi protéger ces espèces de l’extinction. Ils publient trois annexes (annexes numérotées 1, 2 et 3).

Les espèces reprises sous l’annexe 1 sont menacées d’extinction. Le commerce international de ces espèces animales et végétales (y compris le bois) est interdit dans toutes ses formes (donc également les produits semi-finis). Un exemple d’une essence sur cette liste est le Dalbergia nigra ou le bois de rose brésilien. Cela signifie qu’en pratique, même un objet tel qu’une guitare en bois, fabriqué en une de ces essences, ne peut pas franchir la frontière. Mondialement, la douane effectue des contrôles stricts en cette matière.

L’annexe 2 est la liste des espèces qui, bien que n’étant pas nécessairement menacées actuellement d’extinction, pourraient le devenir si le commerce de leurs spécimens n’était pas étroitement contrôlé et observé. Ces espèces peuvent donc être internationalement commercialisées après l’obtention d’un permis d’exportation. Entre autres le Pericopsis elata ou l’afrormosia , une essence que l’on retrouve dans  l’annexe 2.

Sous l’annexe 3, on peut retrouver des espèces qui doivent être sujettes à observation, mais pour lesquelles on n’attend pas de problèmes dans l’immédiat. Le commerce international de ces espèces est contrôlé, mais n’est pas restreint. Cette liste est plus courte que les deux précédentes.

Le fait qu’une espèce n’est pas reprise dans les annexes de CITES implique qu’on ne prévoit pas de problèmes pour leur conservation dans l’avenir. Ceci vaut certainement pour les essences européennes fréquemment utilisées (telles que le chêne, le frêne, le hêtre, le pin, l’épicéa, etc.)

Ces annexes peuvent être consultées par le site web de CITES : https://cites.org/fra/app/index.php